Extrait : “Les infanticides commis par une mère font partie des crimes que la société pardonne le moins. Ils sont pour la plupart reliés à des actes de violence, des problèmes d’attachement maternel.  Pourtant il est une femme au profil particulier, qui a tué son enfant alors qu’elle l’aimait avec tendresse.  Une femme à la personnalité trouble, double, convaincue d’avoir été poussée malgré elle à commettre l’irréparable.

Cette femme, c’est Fabienne Kabou, meurtrière de sa fille Adélaïde, dite Ada, 15 mois, déposée une nuit d’automne sur la plage de Berck sur Mer à la marée montante. Un crime silencieux, un geste fatal doux comme le sable, glacial comme la mort.

L’histoire de Fabienne Kabou, c’est aussi celle d’un procès hors norme, où l’analyse a cotoyé l’irrationnel. Tout commence le 19 novembre 2013, à une station de bus de Saint Mandé, dans le Val de Marne.  Fabienne Kabou dit au revoir à Michel Lafon, son compagnon, le père de leur fille Adélaïde. Pour qu’elle puisse se consacrer à sa thèse, la petite va être confiée plusieurs mois à sa grand-mère au Sénégal. Les bagages, dit-elle, sont déjà sur place.

 Un peu plus tard, Fabienne Kabou descend du bus mais elle ne se dirige pas vers la destination annoncée à son compagnon. Non, elle va prendre un train, gare du Nord, direction Rang du Fliers, dans le Pas-de-Calais. Ensuite, elle prendra encore un bus et descendra enfin à la station balnéaire de Berck sur mer, dans les 3 heures de transport de Saint Mandé. 

La petite est bien couverte, une combinaison épaisse avec une bordure en fourrure, les mains protégées par des moufles et des chaussures à lacet bien chaudes aux pieds. Fabienne Kabou a tout prévu. En novembre, sur la plage, il fait froid.  Pendant son voyage, elle dit quelques mots à une passagère, elle donne le prénom de sa petite. Elle ne fuit pas le contact. Pourquoi le fuirait-elle ? …”